J11 : John Day Fossil Beds – Painted Hills
Comme on est un peu zinzin, on a décidé de consacrer la journée entière à John Day Fossil Beds National Monument. Pourquoi zinzin ? Parce qu’on a décidé de nous rendre dans les 3 units qui composent le site : Painted Hills, Sheep Rock et Clarno. Et il y a une chose qu’il faut savoir sur ce secteur, c’est que toutes les units sont éloignées les unes des autres. Bienvenue dans le No man’s land de l’Oregon !
Pour couronner le tout, nous constatons lorsque nous quittons notre chambre de motel que la fumée est de retour. Nous verrons bien ce que ça donnera dans le parc.
Pour commencer, un petit ravitaillement en essence et en cash.
Une chose m’a interpellé dans la station où nous nous sommes arrêtés ; gérée à 100% par des femmes. J’en ai fait la réflexion à Vincent. Dans la région, tu prends le boulot où il y en a et tu ne fais pas le/la difficile ou quand les contraintes liées à la géo économie favorisent l’égalité homme/femme.
Nous expérimenterons pour la première fois le distributeur automatique d’argent en drive. Ce pays est fabuleux ! Même plus besoin de sortir de sa voiture pour retirer du cash !
Et c’est parti pour environ 1h15 de route pour nous rendre aux Painted Hills, notre premier site visité à John Day Fossil Beds.
Nous traversons l’Ochoco Natinal Forest par US hwy 26. Nous longeons la Marks Creek River et passons tout près de Marks Lake. Nous n’avons pas le temps de nous arrêter mais nous repérons qu’il y a aussi beaucoup à faire dans cette forêt : randonnées, activités nautiques, camping. La route est donc hyper agréable.
Lorsque nous arrivons enfin aux Painted Hills, nos craintes concernant les fumées d’incendie se confirment. L’air est saturé et la visibilité en est grandement réduite.
Nous nous garons sur le parking encore désert de l’Overlook trail et constatons que nous sommes loin de la vision carte postale ciel bleu contrastant avec les collines colorées. Une nouvelle fois, nous acceptons ce fait avec philosophie. Le plus dérangeant reste finalement cette odeur puissante de feu de cheminée.
Ce matin, nous avons quitté le motel sans enfiler nos chaussures de randonnée. Nos pieds commencent à souffrir de les porter toute la journée depuis plusieurs jours donc nous avons préféré faire la route en basket pour Vincent et en Birk pour moi. Mais avant de nous élancer sur ce court trail, il faut bien rechausser nos souliers de torture. En ouvrant le coffre pour les récupérer, c’est le drame ! Ah la gourdasse ! J’ai bien pris mes chaussures mais j’ai oublié de prendre également une paire de chaussettes ! Et je porte des tongs ! Donc, j’ai les pieds nus ! Pas de soucis pour Vincent, puisqu’il porte des baskets avec des chaussettes bien sûr.
Je m’en veux, moi qui n’oublie jamais rien ! Impossible de porter des chaussures de rando sans chaussettes. Heureusement, les Birkenstock ne sont pas de simples tongs et maintiennent bien le pied. Mais, nous qui nous posions la question de faire Carroll Rim Trail, et bien c’est plié, on ne la fera pas. Pour le reste de Painted Hills Unit, les Birk suffiront. Il faudra simplement que je fasse attention où je mets les pieds.
Pour nous rendre ensuite à Sheep Rock Unit, nous passons devant l’unique ville indiquée par des panneaux de signalisation, Mitchell. Nous nous y arrêterons dans l’espoir d’y trouver une paire de chaussettes à acheter. Faute de quoi, les randonnées prévues risquent d’être compromises.
Painted Hills Unit : Painted Hills Overlook Trail
Nous voilà fasse aux célèbres Painted Hills. Ces collines tiennent leur couleur des variations climatique de la région au fil des milliers d’années. Chaque strate correspond à une période humide/sèche/ volcanique. L’environnement est désertique et totalement vierge de présence humaine. Malgré le brouillard dû à la fumée, nous profitons pleinement de ce panorama. Il est moins évident pour nos objectifs de capturer les contrastes et la beauté des lieux.
Painted Hills Unit : Painted Cove
Nous partons ensuite en direction de Painted Cove. Là encore, nous sommes les premiers sur place. Je suis assez étonnée de ne pas voir plus de monde sur le site.
Nous entamons la Painted Cove Trail qui fait une boucle autour de la colline rouge.
C’est l’oxydation du fer présent dans le sol qui donne cette couleur rouge à la terre. On se croirait sur Mars !
Afin de préserver la croute volcanique, c’est sur un ponton en bois aménagé que la petite randonnée commence. Il est possible de prendre de la hauteur pour avoir une vue globale de la butte rouge.
Painted Hills Unit : Leaf Hill
Nous quittons Painted Cove pour Leaf Hill Trail. Cette fois-ci nous sommes seuls et nous le resterons ! Cette petite randonnée, moins attractive que les 2 premières n’est pas vraiment mise en avant. Elle se trouve à l’extrême opposé de l’entrée du parc. Pourtant, la balade est sympathique et on peut y observer de nombreux fossiles de végétaux. De quoi nous rappelons que nous nous trouvons dans une zone volcanique.
Painted Hills Unit : Red Scar Knoll – Red Hill
Et enfin, pour finir notre visite de Painted Hills Unit, nous nous enfonçons encore un peu plus loin dans le secteur et nous rendons à Red Hill, tout nouveau secteur ouvert, il permet de découvrir une nouvelle butte rouge.
Si la zone de Leaf Hill est relativement boisée, celle de Red Hill, nous replonge immédiatement dans un environnement désertique proche de Mars. Seule la présence d’arbres morts nous rappelle que nous sommes bien encore sur terre !
Avant de quitter le parc nous faisons un arrêt au Visitor Center qui se trouve à l’entrée pour un arrêt technique. De nombreuses information sur disponibles sur la création du site et la géologie. Il est très utile de s’y arrêter (pour plus qu’une pause technique !).
Mitchell
Nous quittons cette Unité de John Day Fossil Beds totalement enchantés.
Triste retour à la réalité, il faut impérativement que je trouve des chaussettes ! La ville de Mitchell est indiquée par des panneaux de signalisation. C’est en effet la seule source de ravitaillement en essence au milieu de ce désert volcanique, pour les visiteurs qui n’auraient pas pris leur précaution.
Quand nous arrivons enfin à Mitchell, c’est le choc ! Nous ne nous attendions pas à trouver une grande ville, mais ce que nous découvrons, c’est une ville composée uniquement d’une rue principale bordée de quelques bâtiments type western. Quant à la station-service d’un autre temps …
Nous nous garons en face de ce qui semble être le General Store de la ville. Je dois avouer ne pas m’être sentie à l’aise. J’avais vraiment l’impression d’être une étrangère. En prenant des photos, j’avais l’impression de manquer de respect aux habitants de Mitchell. En même temps, j’avais envie d’immortaliser ce moment. Il ne s’agit pas d’une ville fantôme touristique. C’est une vraie ville avec de vrais habitants.
Dans le General Store, on trouve de tout même si le magasin semble dépouillé, les étagères à moitiés vides. Un monsieur âgé s’affaire à ranger des produits tandis qu’un jeune homme tient la caisse. Il y a un peu de tout, mais je ne vois pas de chaussettes. J’attends donc à la caisse derrière une cliente qui achète une bouteille d’eau et qui discute avec le jeune caissier. Leur conversation s’éternise mais je n’ai pas trop envie de faire ma Parisienne et de leur demander d’abréger ! Quand notre tour arrive enfin, le jeune homme nous demande avec un accent trainant en mâchant du chewing-gum s’il peut nous aider.
Je lui demande s’ils vendent des chaussettes et me sens obligée de justifier ma demande « j’ai oublié les miennes à l’hôtel blablabla ». Il me répond qu’ils n’en n’ont pas mais que je peux certainement en trouver à Judy’s Place. C’est une boutique de souvenirs à l’entrée de la ville, nous sommes passés devant en arrivant.
Je le remercie et lui dit que nous allons donc tenter notre chance chez Judy. Avant de quitter le magasin, nous sommes interpelés par le vieux monsieur, qui s’avère être le grand-père du jeune caissier. Ce monsieur me rappelle le « chercheur d’or » de Toys story 2 : barbe blanche, bretelles et chapeau de cowboy. Il me dit que si j’ai besoin de chaussettes, il peut me dépanner d’une paire, propre bien sûr ! Je décline l’offre en le remerciant chaleureusement.
Nous partons à pieds rejoindre la boutique de souvenirs de Judy à maximum 200m de là.
Pendant que nous remontons la rue, nous entendons derrière nous le Grand Père chercheur d’or demander à la cantonade si quelqu’un a des chaussettes. Là, nous sommes carrément gênés. Nous avons la sensation d’être à l’origine d’un trouble à l’ordre public pour une simple paire de chaussettes.
Arrivés à Judy’s Place, nous constatons que le magasin est fermé. Mais avant d’avoir eu le temps de faire demi-tour pour retourner à la voiture, acceptant le fait que je devrais faire sans chaussette toute la journée, une voiture arrive et se gare devant la boutique. Une dame en sort avec un petit chien aboyant sous le bras. C’est Judy ! En fait, notre Grand Père chercheur d’or s’adressait à elle dans la rue !
Elle nous salue en fouillant ses poches et nous annonce qu’elle n’a pas ses clés sur elle. Elle nous explique qu’elle avait fermé sa boutique aujourd’hui pour donner un coup de mains à la préparation du déjeuner pour l’école. Elle repart vers sa voiture en nous disant qu’elle revient dans 5 min, elle retourne chercher ses clés chez elle à 200m de là. Oui, elle prend sa voiture pour circuler dans Mitchell !
Nous profitons de ses 5 minutes pour photographier la devanture de la boutique et des alentours.
Comme convenu, elle revient au bout d’à peine 5 min. Elle nous ouvre sa boutique et nous dirige vers les chaussettes. Pourquoi a-t-elle des chaussettes dans sa boutique de souvenirs ? Je n’ai pas posé la question. Elle me propose des socquettes pas du tout adaptées à mes chaussures de randonnées hautes. Je lui explique que j’ai besoin de chaussettes montantes. Le choix est bariolé ! Je jette mon dévolu sur une paire noire à petits cœurs fluo. Magnifique !
Je crains le prix de ces petites merveilles mais elles sont vendues $2.5. Judy nous informe alors qu’elle n’a rien pour rendre la monnaie puisqu’elle n’a pas ouvert sa caisse. Je demande à Vincent en espérant qu’il ait des petites coupures et par chance, il a un billet de $5. On se met d’accord pour qu’elle garde la monnaie. $5 n’est pas cher payé pour le dérangement. Nous la remercions chaleureusement avec une sincérité non feinte. Elle aura sauvé notre journée de randonnée !
Nous retournons à la voiture et j’enfile mes chaussettes et mes chaussures. Le Grand Père chercheur d’or me lancera un « ah vous avez trouvé vos chaussettes ! Je n’en n’avais pas des comme ça ! ». En plus d’être serviable, il a de l’humour ! Je renouvelle mes remerciements au vieux monsieur.
Franchement, cette aventure restera un des meilleurs souvenirs de ce Roadtrip. Comment imaginer une telle gentillesse. Quand je pense au dérangement causé pour une simple paire de chaussettes à $2.5, ça me semble inimaginable d’être si serviable.
Nous quittons Mitchell après un peu plus de 30 min qui auraient pu paraitre une perte de temps dans notre planning de la journée mais qui au final se révélera une formidable aventure humaine.